La traversée surprise

Ce n'est pas seulement depuis Tchernobyl que les dirigeants russes sont des petits cachottiers. Déjà, au XVIIIe siècle, la tsarine Catherine II n'aimait pas qu'on étale au grand jour les catastrophes libidineuses qu'elle provoquait chaque nuit au Kremlin. Surnommée, dès cette époque, "la centrale de Moscou", elle atteignait plus souvent qu'à son tour le point de fusion, et ses réactions, sans être nucléaires, répandaient leurs retombées sur tout le Royaume, et même sur les pays voisins. C'est elle qui a inspiré le célèbre auteur comique russe Igor Tchernikov, un des personnages les plus contestés de l'histoire dramatique mondiale. Il lui a consacré sa pièce la plus connu, Le Secret de la Tsarine.

Afin de pouvoir mettre la main sur le manuscrit de cette pièce, nous nous sommes rendus en Union Soviétique, il y a quelques années, grâce à une bourse du Conseil des Arts de Eastman. Après mille et une aventures à ses côté desquelles James Bond aurait l'air de Passe-Partout, nous avons retracé le village natal de Tchernikiv, Sousdal. Grâce à la complicité de notre guide, que nous avons généreusement soudoyé, nous avons pu obtenir des habitants de ce village, les informations qui nous ont permis de retracer l'histoire de l'unique manuscrit du Secret de la Tsarine. C'est finalement Marjolaine qui, au cours d'un séjour en Chine, a pu mettre la main sur le texte et les droits de la pièce.

En lisant la transcription mongole du Secret de la Tsarine, nous avons été frappés par l'étonnante parenté entre la société russe sous Catherine II, et la société québécoise en 1986. À notre avis, les Québec devraient cesser de se chercher une identité; nous sommes des slaves égarés en Amérique du Nord! C'est pourquoi l'adaptation de la pièce a été un jeu d'enfant.

Merci, Igor Tchernikov! Si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer!

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